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Chronique «Médiatiques»

Crépol, une guerre dissymétrique, par Daniel Schneidermann

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Pas moyen d’y échapper. Désormais, dès qu’un journaliste du service public commet une approximation sur un fait divers dramatique tel que celui de Crépol, les télé bollo-zemmourisées qui s’affranchissent de toute règle déontologique ajustent leurs tirs coordonnés.
Lors de la marche blanche du 22 novembre à Romans-sur-Isère pour rendre hommage à Thomas, mortellement blessé le 19 novembre à Crépol (Drôme). (Olivier Chassignole/AFP)
publié le 3 décembre 2023 à 13h13

Admettons-le, comme il l’a admis lui-même : le récit par Patrick Cohen du bal tragique de Crépol «manquait de nuances». Entre les deux versions diamétralement opposées de cet affrontement qui s’est conclu par un mort – le jeune rugbyman Thomas, 16 ans – et plusieurs blessés, le chroniqueur de France 5 a clairement choisi son camp. Que s’est-il passé à Crépol, en effet, dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 novembre ? Une simple et dramatique bagarre, comme les fins de bals en connaissent depuis l’origine des bals ? Ou l’attaque barbare de «racailles des cités», de «Français de papier», avides de «planter du blanc», originaires de la cité de la Monnaie à Romans-sur-Isère, contre un bal de campagne ? Simple fait divers, ou «moment de bascule» illustrant la submersion des paisibles campagnes par la violence des cités gangrenées par le trafic de drogue ?

«Une dizaine de jeunes sont venus pour s’amuser, pour draguer les filles, raconte donc Patrick Cohen sur France 5. Pas d’incident jusqu’à la fin de la soirée : l’un des participants, un rugbyman, aurait