Je me souviens, en 2014, avoir découvert, sur l’étal d’une librairie, le livre d’un philosophe anglais, Christopher Hamilton, intitulé sobrement Quarante ans, sous-titre : A la croisée des chemins (1). Paru cinq ans plus tôt en version originale, le philosophe y faisait part de ce qu’on appelle communément «la crise de la quarantaine», et le titre anglais, Middle Age donnait à entendre cet âge moyen, moyen, car se situant à la moitié d’une vie, mais non pas médiocre par son renversement de perspective existentielle.
A l’époque, écrire un livre sur le sujet me semblait parfaitement absurde. Protégée par ma fraîche trentaine, je voyais cette «crise» comme une pure fiction, majoritairement masculine, destinée à cacher sous les apparats d’un phénomène pseudo-sociologico-psychologique, un prétexte pour larguer femmes et enfants, se voiler la face sur le temps qui passe et embrasser finalement la carrière de vieux beau, vieux con.
Mais ça, c’était avant. Avant qu’à mon tour, j’atteigne cet âge non pas fatidique, mais littéralement crucial des 40 ans. Le héros de Bref, saison 2 (2), personnage anonyme errant de relations sentimentales en petits boulots, en fait lui aussi l’expérience : à 40 ans, les bilans médicaux vont de pair avec les bilans existentiels, ou inversement. Et à la question «que vais-je faire ?» charriant toutes les angoisses provoquées par le vertige des possibles, se substitue désormais «que reste-t-il à faire ?» avec toutes ses angoisses