Je ne sais plus très bien de quoi ce texte est fait. Il a tangué au fil des jours, des heures. Il est fait d’humanité qui vacille, il est le tissu des linceuls, il a la couleur du sang, la fragilité des larmes. Il porte l’incertitude, le doute, l’impuissance, la sidération. Il est fait de la terre de ces tombes qu’on creuse à la hâte, à la chaîne. Il est fait du désespoir des pères, de la douleur des mères, de l’effroi des enfants. Il est fait de silence. Il a regardé les morts, tous les morts, il a embrassé les vivants, tous les vivants. Il a retenu son souffle. Il est fait d’empilement d’images insoutenables. Il a fait sien la peur, il a désespéré devant cette orgie de violence. Un hurlement sans fin. Il a étouffé de colère face au bégaiement de l’histoire.
En rage, que certains, face au terrorisme islamiste, ne puissent pas le nommer, pris dans un antisémitisme si fort qu’un mort n’est plus un mort mais un «Juif» avec une grande et belle majuscule pleine de préjugés et de haine. En rage, de voir des hommes et des femmes prétendument politiques, des élus d’une République dont les mots «Liberté, Egalité, Fraternité» ornent tous les frontons ne pas pouvoir dire l’horreur pour ce qu’elle est. Choisissant les morts comme on fait ses courses, celui-là oui, celle-là non. Comm