A première vue, les résultats des élections allemandes constituent une surprise. Même anticipées par les derniers sondages, la remontée spectaculaire des sociaux-démocrates et la défaite historique des conservateurs semblent déroutantes, surtout alors que Angela Merkel conserve une popularité record après seize ans à la tête de la chancellerie. On s’étonne de voir un pays européen où la social-démocratie, partout ailleurs en crise, semble encore incarner le changement. En France, certains y voient le signe que la gauche pourrait sortir du tunnel plus tôt que prévu.
La vérité est que la majorité des Allemands n’ont rien voulu changer du tout. Au terme d’une campagne assez étrange, c’est Armin Laschet, le candidat de la CDU, qui a fini par incarner une nouveauté déplaisante par rapport au style d’Angela Merkel. Les principaux reports de voix se sont effectués de la CDU vers le SPD dont le candidat est apparu plus sérieux, ne serait-ce que parce qu’il s’est abstenu d’éclater de rire lors d’un hommage public rendu aux victimes des inondations dans la vallée de l’Ahr. Le principal slogan d’Olaf Scholz affirmait qu’il était, lui aussi, capable de «devenir chancelière», ce qui en dit long sur son désir de mettre ses pas dans ceux de Merkel. Si les Allemands avaient voulu du changement (dans la sécurité), ils auraient pu voter massivement pour les Verts, comme ils furent tentés de le faire au début de la campagne. Avec Olaf Scholz, ils ont fini par choisir un ministre des Fina