Planque-toi, camarade, si tu ne veux pas te retrouver les chevilles coulées dans le béton au fond du lac démocratique. Asperge-toi de la neige carbonique du désinvestissement afin d’éviter que ton enthousiasme émancipateur et ta bonne volonté égalitaire soient incendiés par la déflagration institutionnelle de ces derniers mois. Si, comme toi, j’étais député NFP ou responsable de l’un des partis de la vacillante coalition de gauche, membre du NFP ou social-démocrate divergent, je m’empresserais de ne plus bouger une oreille. Et je me pelotonnerais en position latérale de sécurité sous la couette de mon attentisme.
D’ordinaire, je t’incite à charger au grand galop, en lancier vigoureux, heaume levé et poitrail exposé. Toujours, je te recommande de brandir l’oriflamme de ton programme et de graver sur ton bouclier en guise d’armoiries la liste des réformes que tu estimes prioritaires. Cette fois, camarade, je pense que si tu mets la tête à la fenêtre du train blindé de la dissolution, tu vas te prendre un vent. Tu vas ressortir en lambeaux de ces bagarres livrées dans les impasses d’un labyrinthe d’alliances impossibles et d’arrangements pourris. Tu vas abîmer ta force vive dans ces pugilats sur des tas de gravats faits de tessons de solutions ébréchées. Tu vas t’aveugler dans le noir d’un tunnel de déceptions recommencées, te perdre dans un no man’s land de décisions impossibles et de compromissions f