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Chronique

De l’art de ne pas gouverner tout en disant le contraire, par Tania de Montaigne

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Chacun vise le trône pour présider tout seul, mais certainement pas gouverner. Comme si le réel ne devait pas faire obstacle à l’image de surpuissance que chacun veut se donner.
Ce que chacun vise, c’est un lieu en surplomb qui permettra de se revendiquer du peuple, tout en en étant le plus éloigné possible. (Mustapha Gunnouni/Getty Images)
publié le 2 octobre 2024 à 17h30

A l’heure où j’écris ces lignes, le ministre de l’Intérieur (qui sera peut-être à l’extérieur dans très peu de temps) a expliqué sur tous les tons qu’il est bien embêté par l’Etat de droit, par la Constitution, la justice, les affaires étrangères, l’Europe, le Maghreb, l’Afrique en général, bref, toutes ces notions un peu pénibles qui l’empêchent de faire les choses merveilleuses qu’il a prévues pour redonner à la France son vrai visage blond (châtain clair à la rigueur) et catholique (protestant à la rigueur), dégagé des impuretés en tout genre qui la défigure. En résumé, le ministre de l’Intérieur nous dit que s’il n’était pas lui, si nous n’étions pas nous, si la France n’était pas la France, le monde pas le monde et 2024 pas au XXIe siècle, bah ! il ferait des sacrés trucs !

Immobilisme érigé en principe d’action

Un peu comme ces personnes qui disent aux autres : «Retenez-moi, ou je fais un malheur !» alors qu’elles n’ont aucune intention de bouger. Depuis cet été, il est fascinant de constater à quel point l’ensemble de la classe politique française est gagné par ce nouveau concept : l’urgence extrême de ne rien faire, tout en disant le contraire. L’immobilisme érigé en principe d’action.

Le mot d’ordre : dire toutes les choses que vous souhaiteriez faire en précisant immédiatement que, pa