L’aurore boréale s’est invitée au ciel la semaine dernière, et il y a de bonnes chances que ni vous ni moi ne l’ayons vue. On dînait, on habite en centre-ville, on a oublié de la guetter, on ne savait pas que c’était ce soir-là, ou on l’a aperçue, cette tempête de soleil, sans la reconnaître.
Ces temps-ci, si je me fie à mon entourage comme aux sondages s’intéressant au moral des Français·es, l’espoir ressemble un peu à cette aurore boréale manquée. On se doute qu’il existe, mais s’il est passé par ici, l’espoir, c’était tellement fugace qu’on l’a raté. Bien sûr, on sait qu’il reviendra ; il est tapi, il s’est lové quelque part en nous à la façon d’une vieille chanson dont on a un peu oublié les paroles. On se souvient vaguement de la mélodie, mais qu’elle est ténue, c’est un murmure.
Un point à l’horizon
C’est un paysage, l’espoir, qui parfois s’éloigne comme une rangée d’arbres bordant la route dans le rétroviseur arrière, il n’est plus qu’un point à l’horizon, on le perd. Faut-il s’en inquiéter ? Faut-il à tout prix le couver, cet espoir, comme on le ferait d’une plante fragile ?
J’entends de plus en plus souvent, çà et là, que lire la presse, s’informer, le mettrait en danger, notre fragile espoir. Il faudrait «se protéger» des nouvelles du monde extérieur pour ne pas l’ébrécher, le mettre sous cloche. Mais que vaut-il, cet espoir, quand il ressemble à une clôture ? Quand il est bâti sur l’évitement, sur une prudente dérobade ?
Quelle valeur a-t-il, l’espoir qu’on professe, s’il ne vise q