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Libération
Chronique «Médiatiques»

De Sarkozy aux bijoux, la martyrologie des souverains, par Daniel Schneidermann

Entre la tournée d’adieux de l’ancien président, désormais veillé par deux policiers dans une cellule voisine, et le casse du siècle des joyaux de la couronne, les inédits inimaginables s’enchaînent à un rythme déconcertant.

L'escorte policière de Nicolas Sarkozy jusqu'à la prison de la Santé, à Paris le 21 octobre 2025, jour de son incarcération. (Laurent Caron /Hans Lucas. AFP)
Publié le 24/10/2025 à 16h21

Tard dans la soirée, subrepticement, apparaît un bandeau sur l’écran de LCI : à la Santé, Nicolas Sarkozy sera protégé par deux policiers, qui logeront dans la cellule voisine. Il est tard. Il faut bien quelques secondes à cette information pour parvenir jusqu’au cerveau, épuisé par une journée de dissonances cognitives en continu. Le cerveau a dû assimiler cette longue traversée de Paris en cortège officiel, pour conduire en prison un délinquant condamné – mais présumé innocent, comme ne cessent de le rappeler les télés. Le cerveau a encaissé les adieux déchirants du couple, la gorge nouée des avocats dans leur douleur, la sidération persistante des présentateurs, tout ce mauvais rêve éveillé. Le cerveau a fini par se laisser convaincre que oui, à coup sûr, les projecteurs du monde entier sont braqués sur le pays que vient de frapper aussi, comme une double peine, le casse humiliant des joyaux de la couronne. Ô grandeurs passées ! Ô dignités défuntes ! Ô décadence. Peuple ingrat, infâme descendant de sanglants coupeurs de têtes, qu’as-tu fait de tes souverains, ces