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Libération
Chronique «Philosophiques»

Debout les damnées de la Terre

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Avec son dernier film, «Debout les femmes !» François Ruffin s’attache à décrire la situation des travailleuses du «care», femmes de ménage, auxiliaires de vie, accompagnantes des élèves en situation de handicap. Un monde vulnérable, ignoré du monde des dominants.
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publié le 7 octobre 2021 à 22h20

Dans le nouveau film de François Ruffin et Gilles Perret, Debout les femmes ! personne ne va prononcer le mot de «care», et c’est pourtant tout le sujet : le travail exercé au quotidien par les femmes de ménage, les auxiliaires de vie sociale qui prennent soin des personnes âgées au quotidien, les accompagnants des élèves en situation de handicap. François Ruffin passe de la satire impitoyable du capitalisme qu’il exerçait dans l’excellent Merci patron ! – centré sur sa poursuite d’un homme et d’un symbole, Bernard Arnault, patron de LVMH – à la description attentive des métiers et des vies de ces femmes. Le film l’accompagne encore une fois pas à pas dans une enquête, moins comique et plus désespérée : dans sa propre découverte de la situation incroyablement défavorisée des femmes qui accomplissent des tâches reconnues par tous comme «essentielles» et qui sont écrasantes et mal, très mal payées, pour des raisons que Ruffin analyse avec la même pédagogie que celle de sa dénonciation dans Merci patron ! des mécanismes de la finance. Debout les femmes ! est aussi dans la description honnête d’une lente prise de conscience – par Ruffin, pourtant homme de gauche – de la situation concrète des travailleuses du care, initiée au moment de la production d’un rapport et d’une proposition de loi à l’Assemblée.

Plutôt que de «care», le film