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Libération
Chronique «Ré/Jouissances»

Dommage que je ne sois pas Francis Ford Coppola, par Luc Le Vaillant

Comparaison, à mon net désavantage, avec le réalisateur entrepreneur de 85 ans, créateur acharné au destin chaotique, entre succès destructeurs et faillites somptueuses.

Francis Ford Coppola, à l'hôtel Lutetia à Paris, le 16 septembre 2024. (Jérôme Bonnet/Modds pour Libération)
Publié le 30/09/2024 à 14h04

Les contraires m’attirent. C’est pourquoi j’aurais tant voulu être Francis Ford Coppola. Malheureusement, rien ne me rattache à lui, hormis une fascination pour sa vie hirsute où l’art est aussi profus que diffus, où l’argent ruisselant s’épuise en source tarie avant de ressurgir en fontaine miraculeuse, où la productivité est multiple et le style hétéroclite. Non vraiment, rien ne m’apparente à Coppola, à cet Italo-Américain très paterfamilias, à cet ogre cinéaste qui s’ingurgite et se régurgite, qui se dévore pour mieux s’engendrer. Alors tant pis si Megalopolis, son œuvre de la dernière chance, est un péplum philosophique assez bibendum, une métaphore qui file vers l’abîme au risque du grotesque et un acte de foi un peu simplet en la démocratie sauvée par l’amour et la famille. Voir réapparaître ce démiurge industrieux de 85 ans, veuf et amaigri, mais toujours foisonnant d’inventivité, m’incline à lister mes envies d’être lui.

Vamper Hollywood. Comme Coppola, j’aurais aimé être le jeune turc ultime bataillant contre les nababs cacochymes. Il était ce barbu aventureux des années 70 qui voulait faire la peau aux producteurs des studios de Los Angeles. Il voulait les pousser dehors pour mettre la contre-culture émergente au centre du système et installer le capitaine réalisateur aux comm