Menu
Libération
Chronique «Si j'ai bien compris…»

Ecologie, prisons, Trump : l’annulation pour les nuls, par Mathieu Lindon

Article réservé aux abonnés
Chronique «Si j'ai bien compris…»dossier
Ce n’est pas la saison du fair-play. Quand on a perdu, on a juste le droit de se prendre une raclée, qu’on soit une planète, un évadé ou une culture.
L'un des chars du carnaval de Cologne (Allemagne), le 25 février 2025. (Ina Fassbender/AFP)
publié le 27 février 2025 à 15h11

Si j’ai bien compris, voici ce que l’actualité nous apprend ces jours-ci : «A chacun sa cancel culture et à wokiste, wokiste et demi.» Il ne s’agit plus tant de changer le monde que de l’annuler. Peut-être y avait-il mieux à faire que réécrire Mark Twain pour en finir avec l’extrême droite mondiale, toujours est-il que Donald Trump, lui, trouve paradoxalement nécessaire de lutter contre la démocratie qui a mené les Etats-Unis là où ils en sont, c’est-à-dire lui comme Président, soutenu par les sénateurs et les représentants. Fi du politiquement correct d’hier, le politiquement incorrect a le vent en poupe, et la violence avec.

Quand Elon Musk brandit une tronçonneuse pour signifier ce que sont de vraies coupes budgétaires, ça ressemble à ces groupes qui se filment avec leurs kalachnikovs. La seule loi qu’il ne s’agit pas d’abroger (avec peut-être celle de la pesanteur) semble celle de la jungle. Au niveau international aussi, les plus forts doivent être amis avec les plus forts, haro sur les transfuges de classe. On peut se vanter de faire des saluts nazis et soutenir cependant bec et ongles Israël parce que l’extrême droite se sent forcée de préférer des Juifs, sinon, c’est des Arabes.

On parle de «cancel culture», mais il y a la «cancel agriculture»

Il y a des décennies que Henry Miller a écrit comme le rêve américain a tourné au «cauchemar climatisé», et voilà que la clim ajoute au cauchemar aujourd’hui où la science devient pour Donald Trump une pitrerie semblable à la justice. Le dérèglement climatique est considéré comme