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Elections américaines 2024 : quoi qu’il arrive, ça va mal se passer, par Michaël Fœssel

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Si Donald Trump perd l’élection présidentielle, ses partisans en concluront que les faits ont tort. Il leur restera un désir de revanche qui n’exclut pas le passage d’une guerre civile larvée à une guerre civile ouverte.
On peut prévoir que l’événement de mardi 5 novembre sera réduit à deux options : soit Trump gagne l’élection et il y verra la juste rétribution de son génie, soit il la perd et il criera au vol. (Reba Saldanha/REUTERS)
par Michaël Fœssel, professeur de philosophie à l’Ecole polytechnique
publié le 5 novembre 2024 à 13h55

A l’heure où ces lignes sont rédigées, l’élection présidentielle américaine n’a pas eu lieu. Aux délais d’impression s’ajoute le décalage horaire avec les Etats-Unis qui empêche de savoir avant d’écrire. L’alternative est aussi tranchante que déprimante : soit parler de ce que l’on ne sait pas mais que le lecteur saura, soit parler d’autre chose, mais qui n’intéressera personne. Dans les deux cas, rien d’enthousiasmant : être en retard sur l’événement ou passer complètement à côté de lui.

Il est difficile de se risquer à une prévision puisque les instituts de sondage et ce que l’on peut connaître par ailleurs de l’état de la société américaine ne permettent aucun pronostic sérieux. S’il y a une issue, elle réside plutôt dans le fait que, dans des sociétés de l’information, le sens de l’événement est devenu plus important que l’événement lui-même. Donald Trump, qui est un pur produit de la société de l’information, aide ceux qui doivent anticiper les événements sans les connaître. Ce qui est alarmant pour la démocratie est un secours pour les commentateurs : cela explique sans doute pourquoi le personnage fascine autant. Son usage frénétique des fake news et sa capacité à imposer à ses supporters un récit imaginaire r