A chaque fois c’est la même chose. Chaque dimanche matin d’élections, en se rendant au bureau de vote, cette même sensation qui remonte. Cette sensation étrange que si ce dimanche matin-là ressemble à s’y méprendre au précédent, il flotte dans l’air un parfum particulier, un parfum qui mélange sans que l’un l’emporte sur l’autre un arôme de sérénité et d’inquiétude, un vent léger de liberté, celle de profiter de ce droit d’aller voter, mais aussi l’esprit de responsabilité qui va avec. Ce matin de juin, en allant vers l’école du Petit-Prince, c’était la même chose. Quoique… Je n’en suis plus si sûr…
La première fois, c’était avant même d’avoir l’âge d’aller voter, en ce mois de mai 1981. L’excitation paternelle, cet espoir chez lui si longtemps refoulé, y était peut-être pour quelque chose. Mais il y avait autre chose dans l’air qui s’imposait. Dans la rue qui séparait la mairie de l’église et montait vers l’ancienne cantine scolaire, reconvertie en salle des fêtes et donc en bureau de vote les jours d’élections, flottait cette sensation d’un dimanche pas ordinaire. Etait-ce l’allure des passants qui défilaient plus nombreux que d’habitude sous les fenêtres de la maison ? Leur tenue, encore plus endimanchée qu’à l’accoutumée ? Les bribes volées de conversations inhabituelles ? Je ne sais pas. Je sais j