Devant l’incroyable émotion suscitée par le décès d’Elizabeth II dans notre pays, un mauvais esprit serait tenté de citer le marquis de Sade : «Français encore un effort si vous voulez être républicains.» On imagine mal un autre événement que cette mort royale occulter une actualité aussi dense qu’inquiétante : depuis le 8 septembre, le réchauffement climatique est mis entre parenthèses, il n’y a plus d’inflation, plus d’extrême droite en Suède ou en Italie, plus d’instabilité parlementaire en France. Même la guerre en Ukraine fait pâle figure à côté de l’épopée du cercueil royal du château de Baltimore à Edimbourg.
On s’est étonné, parfois, qu’un peuple régicide rende un hommage aussi appuyé à la mort pourtant naturelle, et à un âge fort avancé, d’un monarque étranger. Mais les Anglais aussi ont décapité leur roi au nom des droits imprescriptibles du peuple, ils l’ont même fait bien avant nous (en 1649). On s’approche davantage d