Approchez-vous. Imaginons que je vous chuchote ce qui va suivre. Imaginons d’abord la lumière dans laquelle a lieu notre échange : tamisée, faible mais chaleureuse, une reconstitution de cette belle lumière dorée, mélancolique, du XXe siècle – qui était elle-même une reconstitution de lumières plus anciennes. Voilà, c’est tout ce qu’il nous faut, cette lumière qui ne provient pas d’un écran. Dans cette lumière particulière, propice au recueillement, je me penche vers vous. Je vous confie un secret, et disons que ce sera mon cadeau de fin d’année.
Ce secret, le voici : le monde n’est pas encore sans mystère. Le monde n’est pas encore sans beauté, sans surprise, sans profondeur. Parfois nous les côtoyons sans nous douter qu’elles sont là, tout près. Mais peut-être ces poches clandestines agissent-elles malgré tout sur nous, même si nous ignorons jusqu’à leur existence ? Voici ce que j’ai à vous confier : le plus silencieux des lieux de l’art se cache au niveau «-1» du Conservatoire national supérieur de musique et de danse, à Paris. C’est un silence paradoxal, comme tout silence – il n’a rien de cette «pureté» que l’on cherche souvent en vain et qui rend fou quand on la trouve – c’est un silence tapi au cœur même de la musique. En cela, sans doute, c’est un émerveillement.
Un labyrinthe dans le vide sanitaire
Le Conservatoire, ce haut lieu de formation et de transmission, est aussi une cachette. Il abrite une œuvre d’art qui fait partie de lui : l’idée de cette œuvre est aussi vieille que celle du bâtiment. L’immeu