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Chronique

En finir avec une femme «Bien» par Tania de Montaigne

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Etre une femme oblige à naviguer entre le trop et le pas assez, à marcher sur un fil à des kilomètres du sol avec la pureté dans une main et la beauté dans l’autre. Attention à ne pas tomber.
La Marianne française représentée sur le front d'une participante à la manif organisée en mémoire de la jeune kurde Mahsa Amini, à Paris, le 2 octobre 2022. (Stefano Rellandini /AFP)
publié le 13 octobre 2022 à 5h49

C’est quoi être une femme ? C’est, mourir, ici, pour une mèche de cheveux qui dépasse. Là, pour un bout de genou trop apparent, pour une cheville trop visible, pour un décolleté trop plongeant. C’est, mourir dans le cabinet douteux d’un avorteur clandestin. Mourir de n’avoir pas été assez pure. Mourir pour l’exemple. C’est, découvrir qu’il y a au-dessus de votre tête une épée de Damoclès avec le mot «pureté» gravé en lettres gothiques. Car, tout le monde le sait, les femmes Bien sont pures. Et, apparemment, être une femme Bien est ce qu’on peut rêver de mieux. What else ?

C’est quoi être une femme ? C’est être une créature que toutes les religions du monde ont priée d’être douce et calme, d’être forte et faible, présente mais effacée, d’être envoûtante mais sans ostentation, de s’exprimer mais en silence, d’être là mais pas là, d’être mère mais sans coucher, de coucher mais sans plaisir, de faire plaisir avec le sourire mais pas trop non plus parce que ça fait mauvais genre. Et, le mauvais genre, tout le monde le sait, ça n’est pas un truc de femme Bien. Le mauvais genre, ça n’est pas pur.

C’est quoi être une femme ? C’est constater que toutes les sociétés du monde à toutes les époques sur tous les continents ont toujours été passionnées par ce qui se