Ma mort est annoncée, et cela fait frissonner jusqu’à mes détracteurs les plus chafouins, ceux qui pestent contre la douceur morose de mes vents de janvier et se désolent de l’humidité poisseuse de mes ondées de juillet. Je suis le Gulf Stream, la dérive nord-atlantique du courant océanique. Pacificateur salé, je mitige les ardeurs du gel comme les ferveurs de la canicule. Je fais éclore des rhododendrons en Ecosse et pousser des palmiers dans les jardins botaniques des îles du Ponant.
Et voici qu’une nouvelle étude météorologique (1) prédit ma disparition. C’est comme si l’époque se délectait de démantibuler cette tempérance que j’incarne et ces nuances qui me font le teint frais et l’haleine iodée, la peau abricotée et la joue duveteuse. Si l’on en croit ces chercheurs de malheur, mon évanouissement verra la banquise arctique venir lécher les remparts d’Oslo et d’Edimbourg. Ce qui n’empêchera pas la rigueur continentale de faire grimper le thermomètre à la belle saison. Mon avis de décès prend une allure inattendue de pied de nez au réchauffement climatique sans qu’il faille s’en réjouir, tant une pirouette ic