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Chronique «Philosophiques»

Et si les Français n’avaient plus envie d’être gouvernés?

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Un pouvoir aussi vertical que celui pratiqué par Emmanuel Macron ne se justifie que par son efficacité rationnelle. Certaines mesures jugées absurdes ou contredites à peine édictées ont fini par éveiller une méfiance à l’égard de l’idée même de gouvernement.
par Michaël Fœssel, professeur de philosophie à l’Ecole polytechnique
publié le 22 juin 2022 à 7h00

A peine le résultat du second tour des élections législatives était-il connu qu’un adjectif s’imposait pour décrire la nouvelle France politique : «ingouvernable». Le mot pourrait sembler mal choisi pour une Assemblée aux pouvoirs, en principe, législatifs et non pas exécutifs. Il rappelle que si, sous la Ve République, les députés ne font pas vraiment la loi, ils ont tout de même le pouvoir d’empêcher le gouvernement de la faire en le censurant. En ce sens, le résultat de dimanche est un ultime démenti aux vertus prêtées à l’actuelle Constitution. Le système majoritaire ne permet plus de dégager une majorité : ses résultats ressemblent à s’y méprendre à ceux d’un scrutin à la proportionnelle intégrale. Quant à la stabilité promise par le présidentialisme, elle se fracasse sur une tripartition idéologique qui, longtemps tenue à distance des institutions, fait son entrée au Parlement.

Il est possible que l’Assemblée ne demeure pas ingouvernable longtemps et qu’un accord entre les partis néolibéraux (La République en marche et Les Républicains) finisse par rassurer tous ceux qui n’imaginent rien au-delà des institutions de la Ve. Il vaut pourtant la peine de se demander si l