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Chronique Economiques

Etre de gauche et ne pas soutenir l’annulation de la dette

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Qu’elle est tentante, cette idée, mais elle risque de conforter encore le rôle de la BCE et d’éloigner les hausses d’impôts sur le profit des multinationales et sur les plus riches, s’inquiète l’économiste Anne-Laure Delatte.
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publié le 16 février 2021 à 6h22

Se trouver entre le marteau et l’enclume alors qu’on a beaucoup d’affection pour le marteau… D’un côté, il y a ceux qui défendent l’annulation de la dette publique détenue par la Banque centrale européenne (BCE). Leur motivation : mettre à mal les tentations d’austérité qui pourraient resurgir rapidement dès que la crise sanitaire sera derrière nous. Leurs craintes sont réalistes. Car de l’autre côté se trouve l’enclume, la Commission sur l’avenir des finances publiques mise en place par le gouvernement en décembre et présidée par Jean Arthuis, ministre des Finances de Juppé.

Cette commission et son président renvoient un signal clair de continuité de la politique de rigueur quel que soit le contexte. Ils défendent le remboursement de la dette Covid en vingt ans, alors que les créanciers ne l’exigent pas eux-mêmes. En effet, les taux exigés par les investisseurs, qui sont un bon indicateur du risque perçu par les marchés financiers, sont au plus bas : négatifs pour des emprunts allant jusqu’à dix ans et proches de 0 pour des maturités aussi longues que cinquante ans. Autrement dit, aucune crainte sur les marchés. En imposant un remboursement en vingt ans de la dette Covid, sans augmentation des impôts (sacro-sainte promesse de campagne), le gouvernement français met les dépenses publiques sous pression.

Les annulationnistes soutiennent le programme inverse, incontestablement le seul valable aujourd’hui : défendre le budget de l’Etat pour protéger les citoyens contre les crises