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Chronique «Médiatiques»

Europe 1 : ce-n’est-pas-un-rachat

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L’enseigne proclame toujours fièrement «groupe Lagardère» mais Vincent Bolloré est bel et bien en train de prendre le contrôle de la radio. Se profile le spectre sinistre de la chasse aux opposants. La rédaction a voté vendredi la grève immédiate jusqu’à lundi.
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publié le 18 juin 2021 à 18h36

Le plus impressionnant, dans la prise de contrôle larvée d’Europe 1 par le milliardaire traditionaliste Bolloré, c’est qu’elle est fondée sur la peur. Jadis, avant de prendre le contrôle de Canal +, Bolloré avait clairement annoncé que les Guignols ne le faisaient pas rire. On savait à quoi s’en tenir. Ce type d’avertissement n’est même plus nécessaire.

Bolloré à Europe 1, c’est le grand méchant loup, mais en simple hologramme. Une patte. Puis une autre. Puis un poil de moustache. Vous avez cru voir passer Bolloré ? Pas du tout. Ce n’est pas un rachat. Vivendi ne détient «que» 27 % de la maison. Regardez l’enseigne. Elle proclame toujours fièrement : «Groupe Lagardère». Donc, chère rédaction paranoïaque, pourquoi la direction vous accorderait-elle la clause de conscience, prévue en cas de changement de propriétaire ? Certes, Bolloré est devenu l’actionnaire principal. Et alors ? Ce-n’est-pas-un-rachat.

A peine a-t-on appris qu’il était devenu l’actionnaire principal, sans prendre néanmoins le contrôle du groupe Lagardère, et sans qu’il ait accordé une seule interview, que les «passerelles» avec sa chaîne d’extrême droite CNews se sont édifiées toute seules, comme par miracle. A-t-on déjà vu se construire des ponts sans pontonniers ? C’est entre CNews et Europe 1, aujourd’hui. Et toujours avec d’excellentes justifications.

Patte de velours. On voit monter en puissance Sonia Mabrouk, l’intervieweuse killeuse d’invités de gauche et de syndicalistes de l’Unef, par ailleurs p