Je me souviens encore de la sensation que j’ai éprouvée au réveil ce matin-là. C’était la première fois que j’avais l’impression que la matière du futur était composée d’une infinité de molécules de possibilités. C’était à l’automne 1997, il neigeait dehors, et c’était l’un des hivers les plus rigoureux de l’histoire de Berlin. J’avais 20 ans, j’étais arrivé la veille d’un village obscur perdu sur la côte du centre de l’Italie. J’étais là pour passer un an à étudier dans la ville qui n’était pas encore devenue la capitale de l’Allemagne réunifiée et qui portait les traces douloureuses de la division, avec à la fois fierté et insouciance, pour tout l’espoir d’une nouvelle vie qui s’ouvrait devant elle.
C’était la onzième année du programme Erasmus proposé par la Communauté européenne lors du Conseil de Fontainebleau en 1984 et définitivement entré en vigueur le 1er juillet 1987. Le nom du programme, inspiré du célèbre humaniste et théologien néerlandais, était l’acronyme de «EuRopean Community Action Scheme for the Mobility of University Students». Quelques années plus tard, une convention sur la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur a permis d