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Billet

Faire barrage à l’antisémitisme avant tout, par Serge July

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L’antisémitisme matriciel du FN, aujourd’hui RN aux portes du pouvoir, n’a jamais pu s’estomper totalement, en dépit des ripolinages de façade. De l’autre bord, et dans une mesure nettement moindre, le flirt sémantique de certains cadres de LFI, dont Jean-Luc Mélenchon lui-même, avec l’antisémitisme, disqualifie ce dernier de toute candidature au poste de Premier ministre.
Manifestation contre l'antisémitisme à Paris, le 20 juin. (Denis Allard/Libération)
publié le 25 juin 2024 à 5h27

Hannah Arendt dans la préface des Origines du totalitarisme : «Depuis que l’affaire Dreyfus et la menace politique qu’elle comportait sur les droits des juifs français avaient crée une situation sociale dans laquelle les juifs jouissaient d’une notoriété ambiguë, l’antisémitisme était devenu en Europe un mélange inextricable de motifs politiques et de facteurs sociaux. […] Le philosémitisme social finissait toujours par ajouter à l’antisémitisme politique, ce mystérieux fanatisme sans lequel l’antisémitisme ne serait certainement pas devenu le meilleur des slogans pour rassembler les masses. Tous les déclassés de la société capitaliste se trouvèrent prêts à s’unir, à créer leurs propres organisations regroupant la populace. Leur propagande et l’attrait qu’ils exerçaient en accueillant ouvertement des criminels et son vice reposaient sur cette idée : une société qui s’était montrée prête structurellement à accepter le crime sous la forme du vice serait bientôt prête à se laver de son vice en accueillant ouvertement des criminels et en commettant publiquement des crimes.»

L’antisémitisme du père

Parmi les fondateurs du Front national, en 1972, Jean-Marie Le Pen n’était pas le pire. Il avait torturé des militants du FLN en Algérie sous l’uniforme des paras, déploré