Cher Emmanuel,
Quel sens du suspense ! Quelle capacité à souffler le chaud et le froid ! Quel art consommé de la mise en scène ! Je ne peux que m’incliner. Tu t’es révélé être un excellent scénariste de films d’horreur. Planqué sous mon siège, j’ai imaginé jusqu’au dernier instant que le jeune cravaté et sa duègne blonde allaient réussir à égorger la démocratie. Avant que, en show runner irrésistible, tu ne nous concoctes un happy end improbable et que tu fasses grimper au cocotier du Palais-Bourbon un sauveur nommé NFP qui croupissait dans les abysses de la désolation.
Cher président, tu m’as fait la peur de ma vie. D’ailleurs, beaucoup risquent d’avoir du mal à te pardonner ces haut-le-cœur saisissants, ces accès de désespoir et ces angoisses fatales. Cela nous a saisis au garrot tant nous craignions que le RN envoie par le fond l’ouverture aux autres, le métissage des plaisirs, l’étrangeté des beautés, la folie créative et la bravade des interdits.
Cher Emmanuel, quand tu as dissous, j’ai cru que tu décompensais et que tu cherchais une manière de te venger d’une nation qui t’avait manqué. Je me suis dit que tu trépignais de colère et que tu retiendrais ta respiration jusqu’à ce que le peuple délétère et assez phacochère cède à tes objurgations. Jusqu’à ce qu’il retrouve enfin la raison et se rende à la tienne…
Cher prési