On se souvient peut-être qu’il y a cinq ans, la question du financement des soins de santé était entrée brusquement dans la campagne. François Fillon avait ainsi proposé de revoir le partage entre la sécurité sociale et les mutuelles ou autres assurances complémentaires en confiant le «gros risque» à la première, et les «petits risques» aux secondes. Cette fois le débat sur cette délicate articulation pourrait s’engager sur des bases plus solides, en profitant des analyses poussées menées par le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM), dont un rapport sur le sujet est attendu très prochainement.
La situation actuelle n’est, en effet, pas satisfaisante. Une part de la population, certes faible mais concentrée chez les plus précaires, ne dispose pas de complémentaire ; pour près de trois millions de personnes, tomber gravement malade peut conduire à devoir payer une facture élevée, constituée de tickets modérateurs, franchises, forfaits hospitaliers, dépassements de tarif, bref, de tous les coûts non couverts par la sécurité sociale.
Les inégalités sont nombreuses : inégalités dans le traitement fiscal et social qui subventionne les contrats d’entreprise et taxe les contrats individuels, alors que ce sont les chômeurs, les retraités, les inactifs, pour qui l’acquisition d’une complémentaire pèse le plus lourd ; manque de solidarité entre les malades et les bien-portants, puisque les primes ou cotisations à payer pour des contrats individuels croissent fortement