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Libération
Chronique «Ré/Jouissances»

François Bayrou et la dette qui rend bête, par Luc Le Vaillant

Abyssal décalage entre un Premier ministre déconnecté qui fétichise la réduction des déficits et une population qui s’en contrefout.

Le Premier ministre Bayrou, à l'université d'été de la CFDT, le 26 août 2025, à Boissy-la-Rivière (Essonne). (Albert Facelly/Libération)
Publié le 01/09/2025 à 6h27

Fort peu en phase avec les idées politiques de François Bayrou, je pensais pourtant que le bonhomme tiendrait la distance. J’avais surévalué ses capacités à emporter l’adhésion et mal pris la mesure de sa déconnexion. Je pariais sur son habileté à décider en maquignon madré, à manœuvrer en éclusier au fait des flux et des refus, à tenir bon quitte à faire du surplace. Je pensais que l’expérience au long cours du Béarnais le dotait d’un cuir épais à défaut d’une facilité certaine et de convictions hautaines. J’avais une certaine indulgence pour cet ancien bègue, frotté d’une culture classique assez anachronique.

Magnanime, j’ai tardé à hurler avec les loups quand le père de famille nombreuse s’est vu rattrapé par l’affaire Notre-Dame de Bétharram, comme si toute reconnaissance publique tardive devait se payer de tourments privés. Bon bougre, je me suis même surpris à réfréner mes ricanements quand il s’est retrouvé coincé dans le cockpit d’un avion de chasse où il n’aurait jamais dû glisser son embonpoint.

Cela posé, il me faut bien constater qu’il est en passe d’échouer sans avoir rien prouvé. On est d’accord que la dissolution fomentée par Macron a rendu la donne impossible au moindre gouvernant. Mais les doutes transpirent sur la vista de Bayrou et son envergure semble gênée aux entournures. Il s’empêtre dans sa stratégie, multipli