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Libération
Chronique «Ré/jouissances»

Gabriel Attal ou la jeunesse perdue, par Luc Le Vaillant

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Naître tard dans un monde trop vieux ne vaut pas immunité sinon le Premier ministre comme les jeunes gardes radicales en abuseraient volontiers.
Le Premier ministre, Gabriel Attal, lors du premier conseil des ministres de son gouvernement. A Paris, le 12 janvier. (Albert Facelly/Libération)
publié le 15 janvier 2024 à 22h39

Longtemps j’ai été jeune. Il paraît que je ne le suis plus. Ce qui ne laisse pas de m’étonner. Pourtant, jusqu’à il y a peu, je demeurais le plus irréductible des jeunistes. La classe d’âge la plus récente avait raison par nature sans que je fasse le tri entre outrances et pertinences, lacunes et fulgurances, babillages bêtas et presciences volubiles. J’avais tellement peur de finir vieux con que j’enrubannais l’intégralité de mes successeurs dans une compréhension laxiste et une tolérance paternaliste. Ceux de demain étaient l’avenir radieux et les étoiles naissantes d’un univers chantant où j’espérais encore pouvoir siffloter mon refrain de boomer repentant.

Je viens de réaliser que la bêtise réactionnaire n’a ni âge, ni sexe et qu’elle transcende souvent les positionnements idéologiques, surtout au moment où les appartenances hésitent entre la débine et la défausse. J’ai enfin compris que succéder à ses devanciers n’est pas un argument décisif même si ça reste un privilège indu, climat mutant ou pas. Il me faut arrêter d’idéaliser les barboteuses et de barboter les idées de mes cadets en un pathétique mimétisme à rebours. Appartenir à la génération X, Y, Z ne fait pas fatalement de vous un impeccable progressiste, ni un ardent libertaire, manières d’être et façons de penser qui pour moi définissent la gauche. Etonnamment, c’est l’ascension de