Dans la grande fresque de la réalité parallèle qui progressivement recouvre nos repères familiers, émergent quelques scènes canoniques. Voici par exemple l’humiliation publique en mondiovision dans le Bureau ovale. Après Zelensky, c‘est au tour du président sud-africain Ramaphosa. «Je ne sais pas comment il a eu mon numéro, mais j’ai décroché, commence Trump devant les caméras. Et il m’a dit, je veux venir vous voir.» Toujours commencer par la bonne blague, qui signale au public qui est le dominant. Poignée de mains. Satisfaction ostensible d’être ensemble, au centre du monde. J.D. Vance remue la tête à sa place de vice-président, sur le canapé à droite de votre écran.
Et soudain la lumière s‘éteint, et des vidéos sont projetées censées démontrer l’existence d’un «génocide blanc» en Afrique du Sud. «Death. Death. Death», répète Trump, en effeuillant des documents, où sont imprimées des photos d’atrocités que nous ne voyons pas, mais qu’il remet en liasse à son visiteur. Il s‘agit évidemment, en lui renvoyant l’accusation suprême, d’humilier l’Afrique du Sud, qui a porté à la Cour pénale internationale une plainte pour génocide contre Israël.
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Rien n’atteste de la réalité de l’existence d’un «génocide anti-blancs» en Afrique du Sud. Rien, sauf cette scène du Bureau ovale, et son accompagnement de signes secondaires (ainsi l’accueil ultra-médiatisé de quelques familles blanches prétendument victimes dudit génocide, dans les jours précédents, aux Etats-Unis).