Naguère était la guerre. La vraie, la franche, fraîche et joyeuse, «moi, celle que je préfère, c’est la guerre de 14-18» (Brassens). On s’ébranlait en colonnes, on se massacrait à la loyale, on gagnait, on perdait, on rentrait estropiés, gueules cassées quand on rentrait, on ressassait aux petits-enfants les tranchées et les poux, on grommelait dans sa moustache plus jamais ça, jusqu’à la suivante. C’est fini.
Aujourd’hui, aux côtés de la vraie guerre, s’est installée la guerre hybride. Au fil d’une hyperinflation médiatique, des revues savantes aux plateaux bottés et casqués de LCI, la guerre hybride a pris ses aises jusqu’à devenir un concept obèse aux limites floues et à la cohérence gazeuse recouvrant, en gros, tout événement rattachable à la guerre, mais ne se déroulant pas sur un champ de bataille estampillé, type Waterloo ou Verdun. La guerre hybride ? Facile, c’est «tout le reste».
Encore faut-il distinguer entre plusieurs guerres hybrides. D’abord la «bonne», relativement repérable. Dans le désordre, on peut citer les sabotages de câbles sous-marins, les offensives, comme en Ukraine en 2014, de «petits hommes verts» sans insignes ni écussons, les cyberattaques contre les systèmes ennemis, banques ou hôpitaux, les poursuites russes contre les dirigeants baltes coupables d’avoir déboulonné les monuments à l’Armée rouge, ou encore les «attaques aux migrants» par la