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Libération
Chronique «Ré/Jouissances»

Halte au harcèlement de cette pauvre Constitution ! par Luc Le Vaillant

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Elections législatives 2024dossier
Monologue du texte de la règle du jeu de la Vème république, qui fatigue d’être instrumentalisé par les divers camps politiques. Alors que ces partis veulent, au gré de leurs intérêts, faire de cette Constitution une alliée ou bien la révoquer.
La statue nommée «la Loi» qui figure la Constitution, sur la place du Palais-Bourbon qui abrite l'Assemblée, à Paris. (Nicolas Rongier/Hans Lucas. AFP)
publié le 2 septembre 2024 à 19h19

Je suis la Constitution française et depuis la dissolution de l’Assemblée nationale imaginée par ce turlupin d’Emmanuel Macron, tout le monde veut me donner le bras, sinon me le tordre. Je suis une dame d’âge mûr aux mœurs convenues et aux désirs modérés et je ne comprends pas pourquoi on me tire par la manche toute la semaine et le dimanche aussi. Je suis lasse de tous ces solliciteurs qui me hurlent aux oreilles pour avoir mon aval. Et je me demande quel intérêt peut bien trouver la classe politique française à se pendre à mes basques ou à faire du pied à mes Birkenstock. On me considérait comme une vieille schnock, et on n’avait pas tort. Voyez comme je me dispense de truffer mes propos d’expressions comme «en vrai», «du coup» ou «trop bien», dont se délecte la génération Z. Je me contente de bramer un sidéral «c’est lunaire» quand ça passe les bornes et qu’il n’y a plus de limites. Et voilà qu’à tout propos, on me convoque sur les tréteaux des chaînes d’info. Et voilà qu’à tout bout de champ, on évoque mon autorité, celle de la vioque qu’avant on silenciait et on invisibilisait. Et voilà que les suppôts des satans les plus équivoques veulent se pendre à mon cou, si ce n’est convoler en justes noce