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Libération
Chronique «Ré/Jouissances»

Je suis Coco, par Luc Le Vaillant

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Guerre au Proche-Orientdossier
Retour rageur sur les attaques subies par la dessinatrice de «Libération», suite à un dessin sur Gaza à l’heure du ramadan.
La dessinatrice Coco à Paris, le 11 novembre 2023, lors d'une rencontre avec les lecteurs de «Libération». (Denis Allard/Libération)
publié le 18 mars 2024 à 21h58

Je vais vous parler de ma voisine de papier et des ennuis que lui font ceux qui détestent la liberté d’expression, la satire hilare et la critique des religions. Ces dernières se taillant à nouveau la part du lion de l’abjection alors que je les pensais vieilles carpettes usagées. Coco image l’actualité pour Libé, et chaque mardi, nous faisons page commune. Ses croquis et mes chroniques vont bras dessus, bras dessous. Cette fois, il s’agit de se serrer les coudes et de taper du poing sur la table, histoire de braver les haineux et de rappeler des évidences de plus en plus maltraitées.

J’écris long, verbeux et parfois compliqué. Elle ramasse son propos en trois coups de crayon. Cela en fait la pugnacité et la drôlerie, la force et le risque. En un dessin, elle compresse les signifiants et tire la langue aux idées reçues. L’autre jour, Coco a montré un Gazaoui affamé coursant les rats dans les ruines. Sa femme observante tapait sur sa main avide, lui rappelant qu’en ce premier jour de ramadan, la rupture du jeûne devait attendre le coucher du soleil.

Quand je le formule ainsi, mot à mot, ça traîne en route, ça paresse et ça ondule. Quand on regarde le croquis, la perception est immédiate. J’y vois la dénonciation d’une famine causée par la vengeance israélienne d’après le 7 Octobre que renforce la bêtise des croyances fondamentalistes portées par le Hamas. L’ennui, c’est qu’au-delà de l’incompréhension crasse, on peut toujours compter sur la mauvaise foi militante et l’in