Jean-Pierre Elkabbach interroge François Mitterrand. Pas à pas, il pénètre dans les derniers secrets du président en fin de mandat, et en fin de vie. L’un après l’autre, il glisse tous les gros mots dans ses questions, sur Vichy, sur Bousquet, et sur la santé. Dans la marée des éloges de l’intervieweur disparu la semaine dernière, l’épisode est souvent revenu. «Le plus grand moment dans tout ce qu’il a fait, résume son complice de toujours Alain Duhamel, sur toutes les chaînes. Il l’a préparé pendant des années. Mitterrand n’a accepté que parce que c’était Jean-Pierre, et qu’ils avaient deux trajectoires opposées sur Vichy.» Bref, ce fut «l’interview de sa vie, et le moment où il lui a dit tout ce qu’il avait sur le cœur, et qu’il ne lui avait pas dit avant».
L’interview de sa vie, donc. Et puis patatras. «A Vichy, il y avait une législation sur les Juifs étrangers, dont j’ignorais tout», avance Mitterrand, en guise de justification de sa proximité, un temps, avec le régime de Vichy. C’est un mensonge grossier. A l’époque de cette émission (1994), la recherche a bien progressé sur les deux lois de Vichy sur le statut des Juifs, lois d’exclusion sociale et professionnelle qui con