Menu
Libération
Chronique «Ecritures»

Joseph Ponthus, pour la foi et la joie

Article réservé aux abonnés
Sylvain Prudhomme rend hommage à la grâce du regard singulier de l’écrivain Joseph Ponthus, mort le 23 février.
publié le 6 mars 2021 à 12h06

Joseph Ponthus est mort il y a onze jours, et chaque matin de nouvelles voix continuent de le saluer. Il est mort, lui qui en un seul livre nous aura tous éblouis, qui en 250 pages de ses lumineux «feuillets d’usine» aura montré tout ce que la littérature peut faire passer de vie et d’émotion quand elle sonne juste, quand par la grâce d’un regard singulier elle tient d’un bout à l’autre sa note, en un arc qui nous bouleverse.

Je descendais d’un bus en Bretagne, pas si loin de chez lui. Je ne savais pas qu’il luttait depuis novembre contre le cancer. J’ai reçu ce texto d’une amie : tu as vu que Joseph est mort ? Non je n’avais pas vu. J’ai repensé au déchirant feuillet où il raconte le cancer de sa mère, vers la fin du livre. «De ton cancer nous n’apprendrons rien /Nous combattrons /La douleur /L’angoisse de l’attente des résultats /La chimio et la chambre stérile de l’hosto où tu resteras peut-être quelque temps /Nous apprendrons /Nous apprendrons qu’en fait nous avons été forts /Nous n’avons pas été complaisants /Que nous sommes là /Pour de bon /Quoi qu’il arrive /Que l’amour sauve tout /Quoi qu’il arrive.» J’ai repensé à la splendeur d’A la ligne. A sa poignante et douce et souriante musique, belle comme celle de l’Apollinaire des Lettre