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Entretien

Juliette Morice : «La limitation de nos déplacements pourrait ramener de la poésie dans nos voyages»

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Dans son dernier ouvrage «Renoncer aux voyages», la philosophe interroge la fin annoncée des voyages, à l’heure où le péril environnemental et l’essor du tourisme de masse révèlent tous les paradoxes de l’humanité en recherche perpétuelle d’évasion.
La psychologie du bien-être nous répète aussi que le voyage le plus important est le voyage intérieur. (Cat O'Neil/Liberation)
publié le 16 août 2024 à 18h45

Que signifie véritablement «voyager» ? Polysémique par excellence, le mot «voyage» a fait l’objet, au fil de l’histoire de la littérature et de la philosophie, d’autant de célébrations que de critiques. C’est le cours de cette histoire que Juliette Morice, agrégée et docteure en philosophie, maîtresse de conférences l’université du Mans, a entrepris de remonter dans son ouvrage Renoncer aux voyages, publié en mai. Un voyage dans le temps, qui permet à l’autrice de faire le point sur les injonctions modernes à mettre fin aux voyages. Libération s’est entretenu avec l’autrice qui se définit elle-même comme une voyageuse angoissée. Elle nous invite à dépasser le titre provocateur de son livre pour renouer avec la vérité des voyages, quitte à accepter que le «vrai voyage» n’existe pas.

Qu’y a-t-il de fascinant dans le thème des voyages ?

La notion même de voyage renferme tout un champ de possibles, c’est un concept presque insaisissable. En donner une définition claire et opérante n’est pas une mince affaire. C’est d’ailleurs intéressant de voir que dans la langue anglaise, le terme de voyage peut se traduire de trois manières : trip, travel, journey, et que tous ces mots possèdent un sens différent. On pourrait se limiter à retenir des critères quantitatifs tant sur le temps que sur la distance néce