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Libération
Chronique

La bande de salauds est là, mais on ne se résigne pas, par Tania de Montaigne

Non, le monde n’est pas fait que de nuances de brun. Un souffle de liberté se fait sentir avec la sortie d’un petit livre sur le soulèvement iranien «Femme, vie, liberté», écho d’une jeunesse qui lutte.

En 2022, à Téhéran, manifestations de femmes en hommage à Mahsa Jina Amini. (SalamPix. ABACA)
ParTania de Montaigne
écrivaine
Publié le 24/09/2025 à 16h53

Avez-vous cette sensation de respirer un air poisseux, saturé de découragement, chargé d’angoisse, de ressentiment ? Avez-vous cette impression de vivre dans un monde qui rend chaque pas lourd comme une tonne de goudron qui s’agripperait à vos semelles ? Parfois, ça vous coupe le souffle ? Ça vous estomaque ? Sentez-vous cette rage faite de détresse, de douleur, d’impuissance, de chagrin ?

Rage de se défaire, chaque jour, de la petite boîte où l’on vous a rangés et de la voir se refermer inexorablement comme une mâchoire de fer impitoyable. Rage d’être noyés, englués, cloués au sol sans espoir d’atteindre un jour le bleu du ciel. Comme un papillon épinglé.

Bien sûr, le plus simple serait de ne plus croire en rien et de laisser aux plus pervers, aux plus cyniques, aux plus narcissiques, aux plus avides, aux plus égoïstes, aux plus revanchardes, aux plus frustrés, aux plus arrogants, aux plus intolérantes, aux plus grandes gueules, aux plus tyranniques, aux plus infantiles, aux plus méprisants, aux plus suffisants, aux plus malveillantes, aux plus orgueilleux, aux plus conformes, aux plus simplistes, aux plus avides, aux plus aboyeurs, aux plus habiles, le soin de présider à nos destinées.

«Dans une période où le doute sceptique s’est installé dans le monde, où, aux dires d’une bande de salauds, il n’est plus possible de discerner le sens du non-sens, il devient ardu de descendre à un niveau où les catégories de sens et de non-sens ne sont pas encore employées», écrivai