Il est un accessoire de mode qui témoigne du grotesque de ces temps surchauffés. Le ventilateur portatif a remplacé l’éventail. Elles sont nombreuses à avoir abandonné le fouetté de poignet à l’espagnole qui cadençait les après-midi sol y sombra et leur donnait des airs hautains de danseuses de flamenco au bout de leur vie. Désormais, on en voit beaucoup se propulser en procession hyperventilée, tenant droit devant elles ce témoin de nocivité climatique, petite éolienne personnelle qui, la pauvre, ne brasse que de l’air chaud. Les couleurs en sont pastel ou fluo. A vue de nez, l’objet ainsi exhibé est le voisin des Cornetto et des Esquimau glacés et le cousin du gadget sexuel pour sociétés aux désirs amochés par la hausse des températures.
Pour l’instant, son appropriation est tout à fait genrée. Seules les femmes l’approchent de leurs lèvres dégoûtées comme elles feraient d’un micro à l’ancienne où bramer son lamento au risque de se faire scalper par les pâles affûtées de ce tourbillon d’inanité. Les hommes en sueur, eux, continuent de transpirer à grosses gouttes. Ils n’ont pas encore été éduqués à ne pas ruisseler sous les bras et il n’est pas certain qu’ils le soient jamais. Mais la future diffusion non binaire de cette prothèse qui tient de la fadaise n’arrivera pas à faire oublier que sa recharge est électrique et qu’il serait peut-être plus simple de