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La confraternité journalistique, cet ancien monde, par Daniel Schneidermann

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Chronique «Médiatiques»dossier
Dans les médias audiovisuels publics et privés, ça canarde de tous les côtés. Les attaques non confraternelles émanent désormais du champ journalistique, et plus spécifiquement de l’artillerie Bolloré.
Patrick Cohen avait estimé le 27 novembre que le meurtre de Thomas, à Crépol, tenait de la simple rixe. Ce qui lui valu le feu de toute l’artillerie Bolloré. (Pierrick Villette/ABACA)
publié le 7 janvier 2024 à 9h15

«La confraternité, c’est terminé», soupire Patrick Cohen dans le Monde. C’est un rescapé qui parle. Quarante-huit heures durant, à la fin de l’an dernier, le chroniqueur-enquêteur de France 5 a essuyé le feu de toute l’artillerie Bolloré pour avoir estimé que le meurtre du jeune Thomas au bal de Crépol tenait davantage de la simple rixe que d’une expédition raciste visant à «tuer du blanc», comme le tympanisaient les mêmes médias Bolloré, le RN et Reconquête. «Je n’ai aucun souvenir d’une chaîne d’info qui, pendant deux jours, dans toutes ses tranches d’info ou presque, consacre un quart d’heure pour balancer des seaux de merde sur un confrère», ajoute Cohen.

Oui, la confraternité a volé en éclats, et elle ne se recollera pas de sitôt. Et ça ne date pas d’hier. C’est l’irruption des réseaux sociaux, voici déjà une quinzaine d’années, qui a fracassé le monopole des journalistes dans la distribution de l’information et les a transformés en cibles de tir aux pigeons. Pour le pire – l’explosion du complotisme – et le meilleur – la fin du monopole des médias institutio