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Libération
Chronique «Si j'ai bien compris…»

La honte à l’honneur, par Mathieu Lindon

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De Nétanyahou à la politique française, la honte qui doit terrasser les adversaires devient une arme à l’efficacité émoussée.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, après son discours prononcé aux Nations unies, le 27 septembre 2024, à New York (Etats-Unis). (Faith Aktas/Anadolu. AFP)
publié le 12 octobre 2024 à 7h00

Si j’ai bien compris, Benyamin Nétanyahou a estimé que «la honte» allait s’abattre pour les siècles des siècles sur notre président mal-aimé Emmanuel Macron. C’est que celui-ci s’est dit que, tout compte fait, on ne pouvait pas en même temps appeler à la paix et fournir des armes à un protagoniste et a donc décidé de ne plus augmenter notre chiffre d’affaires avec Israël, malgré les difficultés budgétaires que nous connaissons tous. Certes, on peut reprocher à notre maître des horloges d’avoir attendu avec son tact habituel l’anniversaire du 7 Octobre pour se manifester mais, sur le fond, sa position est d’autant plus tenable que la France ne vend quasiment pas d’armes à Israël. (Et remarquons que le 7 octobre 2024 ne tombe un an après le 7 octobre 2023 ni dans le calendrier hébraïque ni dans le calendrier hégirien.)

L’intervention de la honte dans les déclarations de Benyamin Nétanyahou est d’autant plus surprenante que soit c’est un sentiment qui lui est absolument étranger, soit dont il est l’un des plus grands spécialistes du vivre avec. Le Hamas a pour sa part célébré l’anniversaire de la «glorieuse» attaque. (Et remarquons que si cette opération fut un acte de résistance, les Gazaouis n’en ont pas tiré grand bénéfice.) Mais la honte ne tue pas même qua