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Libération
Chronique «Historiques»

La jeunesse en prise avec l’effroi

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Qu’ils occupent la Sorbonne ou non, les jeunes sont angoissés pour leur avenir comme pour celui de la planète. Or à l’aune du collectif, la peur peut se transformer en un puissant moteur d’action citoyenne.
par Clyde Marlo Plumauzille, Historienne, chargée de recherches au CNRS
publié le 21 avril 2022 à 7h28

La semaine dernière, les bâtiments de l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ont été occupés par une grosse centaine d’étudiants révoltés contre les résultats de la présidentielle (Libération, 13 avril). Dans les quelques récits collectés par les journalistes auprès de ces jeunes hommes et femmes, on peut entendre, sous la colère d’un avenir hypothéqué par les générations plus âgées, l’angoisse plus profonde qui marque leurs modes d’existence et d’expérience. Dans un article de Mediapart le 14 avril, une étudiante témoigne ainsi de cette inquiétude bouleversante en partage : «Tout ça, c’est effrayant pour nous. Macron aussi c’est effrayant, et ça sera violent, mais on ne fera pas les mêmes luttes, dans les mêmes conditions, sous Le Pen ou sous Macron.» Avant même les résultats du premier tour de l’élection présidentielle, l’effroi était déjà là. Dans les dizaines de témoignages suscités par le journal le Monde auprès des 18-30 ans à la fin du mois de mars, on retrouve ainsi un même champ lexical pour appréhender son présent et envisager l’avenir. Comme cette femme de 20 ans, ils et elles sont nombreux à «avoir peur pour [leur] avenir et pour celui de la planète». L’expression récurrente de ce mal-être est lourde de l’histoire de notre temps prés