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Libération
Chronique «Si j'ai bien compris…»

La justice, quoi de plus juste, au fond ? par Mathieu Lindon

Comment négocier avec ses convictions ? C’est différent pour Vladimir Poutine, Benyamin Nétanyahou ou un aspirant ministre français.

En 2020, à Moscou au Kremlin, lors de la rencontre entre Poutine et Nétanyahou. (Maxim Shemetov/AFP)
Publié le 27/09/2025 à 6h00

Si j’ai bien compris, le monde politique est constitué d’êtres qui ont ou prétendent avoir des convictions nécessaires et suffisantes. Et il ne fait pas bon en changer. Chacun sait que les imbéciles, seuls entre tous, restent immuables dans leurs opinions, mais seuls les traîtres immondes et méprisables changent de conviction. Qu’un être convaincu des bienfaits de la justice et de l’égalité devienne le héraut de l’injustice et de l’inégalité et tout le monde lui tombera dessus. Mais que le héraut de l’inégalité et de l’injustice tourne soudain sa veste en découvrant qu’il peut y avoir des avantages à la justice et à l’égalité et on pourfendra sa lâcheté en se demandant si on peut lui faire confiance dans ce nouvel avatar idéologique. Les convictions, c’est pour la vie. C’est d’ailleurs pourquoi ce sont des convictions, dispensées de la recherche de la vérité. C’est une intuition permanente que les années renforcent. Car plus elle est ancienne, plus elle est forte, sans pour autant être plus fondée.

C’est comme un club de rencontres. Quand on a les mêmes convictions, on est fait pour s’entendre, les amoureux de la justice, encore une fois, ou ceux de la guerre, ou ceux du persil ou de l’eau de Javel comme remède à tous les maux. On offre son respect à l’homme de conviction, il a un mérite, sa conviction est une excuse qu’on n’accorderait pas à qui pense la même chose sans le penser. C’est comme si c’était courageux d’avoir des convictions, que c’était une circonstance atténuan