L’autre jour, j’ai fait quelque chose qui ne se fait pas : je suis sortie de chez moi sans mon sac. Sans mon sac et sans ce qu’il contient. Sans téléphone. Sans porte-monnaie. Sans carte de transport. Sans livre. Quand cela vous est-il arrivé la dernière fois ? Je vais faire un tour, me suis-je dit. Profiter de quelque chose qui ressemblait à un rayon de soleil, mais s’est avéré n’être qu’une fausse joie.
Ainsi désencombrée, je pensais que la ville s’offrirait mieux que jamais à la déambulation. Je me trompais. J’avais sous-estimé ma propre dépendance – alors même que je l’avais préméditée, l’absence de mon téléphone me plongeait dans l’anxiété – et j’avais surestimé la notion d’espace public, finalement réduit, quand on ne veut ou ne peut consommer, à des couloirs de circulation plus étroits qu’on ne croit, et à quelques bancs qui ont le mérite d’exister, mais qui trop souvent offrent en guise de vue un mur pisseux d’un côté et les embouteillages de l’autre.
Alors j’ai fait ce qu’on faisait quand on était une bande de lycéens désargentés, régulièrement refoulés des cafés car la mise en commun de nos ressources ne nous permettait pas de payer une consommation par personne : je suis allée au cimetière. Nous n’étions pas romantiques. Nous n’étions pas gothiques. Nous voulions la paix et nous la trouvions.
On le sait, que les cimetières sont des havres de vie. Ils accueillent la biodiversité, abritent les amoureux, les retraités, les chômeurs et les lycéens qui veulent fumer de l’