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Chronique

La macronie pratique une «com» d’extrême droite au service des élites, par Johann Chapoutot

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Réarmer ? Régénérer ? Pour que «la France reste la France» ? Derrière les mots du gouvernement actuel, il y a hélas une logique. On exalte la «communauté» nationale pour mener une politique de classe, hostile à plus de 90 % de la population.
Amélie Oudéa-Castéra, Gabriel Attal et Rachida Dati lors de la conférence de presse d'Emmanuel Macron le 16 janvier. (Ludovic Marin /AFP)
publié le 24 janvier 2024 à 21h38

Ce «nouveau monde» situé quelque part entre Thatcher et, désormais, le natalisme des années 20, a un rapport trouble au langage. On a, depuis longtemps, cessé d’écouter, en se disant que ces gens racontent n’importe quoi. Parler, en 2017, de «révolution» quand on s’apprête à mener une politique conservatrice, voire ouvertement réactionnaire (la réaction est le contraire de la révolution), quand on abolit l’ISF tout en baissant les APL ; récidiver, en parlant de «soldats de l’an II» quand on ne se cache même plus d’être de droite, quand on fait alliance avec le Rassemblement national (RN) – c’est dès le soir du second tour des législatives de 2022 qu’Eric Dupond-Moretti avait appelé à travailler ensemble avec les lepénistes, qui ont obtenu, grâce aux macronistes, des vice-présidences à l’Assemblée nationale – ; quand on soutient Gérard Depardieu contre ses victimes ; prétendre être «le camp de la raison» quand on utilise du gaze lacrymogène contre des scientifiques à Saïx (Tarn), quand on ne change pas ce qui ne marche pas (une politique fiscale pour les très riches qui ne produit aucun «ruisselleme