Ma chère mondialisation,
C’est assez incroyable, ce qui t’arrive et comment, au fil du temps, tu changes de soupirants et d’aidants. Longtemps, tu as été la chouchou des néolibéraux les plus veaux et la grande détestée des forces de progrès. Puis, tu es devenue une pâle nuisance et une banale évidence à laquelle les plus rétifs ont fini par s’accoutumer. Et voilà que tu tombes de haut, poussée dans le dos par Trump qui avait pourtant le profil pour être l’un de tes plus ardents partisans. Dégradée, tu redeviens désirée. Ta chute dans le caniveau de l’égoïsme américain te pare des plus beaux atours internationalistes. Et chacun d’oublier illico que tu as longtemps été une prédatrice qui mettait du rimmel intersectionnel à ses cils, histoire de faire des œillades au Sud global tout en le sadisant et en remplissant la malle au trésor défiscalisé des ultrariches.
Ma belle mondialisation, les syndicats des vieilles démocraties t’ont vue venir avec suspicion. Ils avaient prédit que tu allais tuer leurs industries décaties. Et tu l’as fait. Ils se doutaient que tu allais dézinguer les acquis sociaux. Et cela n’a pas manqué. Ils anticipaient que tu allais bazarder les fiertés ouvrières et torpiller les prouesses manufacturières. Et cela s’est passé ainsi au point que le prolétariat, qui a perdu jusqu’à son nom, en est réduit à tapoter sur ses smartphones et à déprimer entre reconversion, déclassement et débrouille. Le fordisme est devenu planétaire et le partage du travail global. Les