Que faut-il de plus, encore ? Combien de mots, de témoignages ? Combien de bombes et de missiles, combien d’immeubles éventrés, de tonnes de gravats, recouvrant combien de vies pulvérisées ? Quand le feu cessera-t-il ? Qu’est-ce qui parviendra à interrompre l’histoire, à la faire bifurquer ? Combien de vivants restera-t-il ? Quand le mot «paix» cessera d’être une utopie, une tergiversation obscène : un «compromis», un accord en cours, toujours en cours. La paix, cette pièce égarée d’un puzzle de chaos. Combien d’images faudra-t-il voir puisqu’on les a toutes vues ? Et qu’en fait-on, sauf à en être les spectateurs impuissants ? «Je déteste toutes mes photos parce qu’elles existent, dit le photographe ukrainien Evgeniy Maloletka. Mais les gens ferment les yeux et ne veulent pas voir. Et il faut les rouvrir à chaque fois et dire : regardez, regardez, regardez, regardez, regardez.» Regardons regardons encore le feu l’acier le sang. Comme dans un musée du présent, qui raconterait ce temps dont nous sommes les uniques témoins, qu’on s’arrête devant chaque existence interrompue, celle des enfants, des massacrés, des oubliés, des kidnappés, des déplacés. Ils laissent la seule question qui devrait nous hanter : mais que faut-il de plus pour que tout ceci s’arrête ? En ces jours d’automne, on ne peut que le constater : si l’émot
Chronique
La paix, pièce égarée d’un puzzle de chaos, par Lola Lafon
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«Le Christ voilé» de Giuseppe Sanmartino (1753). (NPL/Opale)
publié le 4 octobre 2024 à 19h00
Enquête Libé
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