Si j’ai bien compris, la patience n’est pas la chose du monde la mieux partagée. De toute évidence, si Benyamin Nétanyahou n’en est pas très pourvu, en revanche, on en regorge à son égard. C’est comme si, à force de créer de plus en plus d’indignations par une conduite de plus en plus indéfendable, il provoquait la sidération, comme si une sorte d’anesthésie, qui est une regrettable forme de patience, s’emparait de la planète – Benyamin Nétanyahou montrant pour sa part une patience diabolique envers ces re-re-re-re-condamnations et re-re-re-re-indignations.
De son côté, Donald Trump a la patience sélective : autant il est rapidement agacé par les Européens, autant il maîtrise beaucoup plus ses nerfs quand il discute avec Vladimir Poutine, qu’il menace, qu’il menace, mais en parvenant toujours à s’arrêter avant de faire un malheur, de ce côté-là. Et si Benyamin Nétanyahou l’énerve, le président des Etats-Unis sait prendre sur lui pour demeurer placide et généreux.
Quant aux Européens, à défaut d’avoir une défense à la hauteur de leur puissance ou de leur impuissance, ils paraissent avoir une patience d’autant moins dissuasive qu’inépuisable. C’est difficile de faire la guerre sans y toucher face à des gens qui la font sans gants et sans compter les pertes. C’est l’inconvénient des démocraties que les peuples reprochent les morts aux dirigeants plutôt que de s’en enorgueillir, un inconvénient qui n’est pas sans charme.
Et la patience des Français, ne s’émousserait-elle pas un ch