Les discours du pape François à propos des réfugiés lors de sa visite à Marseille ont le plus souvent été accueillis avec une bienveillance un peu suspecte. Laissons de côté la critique explicite dont ces propos ont fait l’objet du côté de l’extrême droite où l’on a fustigé un pape qui sort de son rôle spirituel pour faire de la politique. Que le Souverain pontife fasse de la politique ne gêne pas les partisans d’un catholicisme intégral, à condition que cet engagement ne soit pas réputé de «gauche» et favorable à l’accueil des migrants. Traditionnellement en France, les ultra-conservateurs se réfèrent à l’Eglise parce qu’elle incarne l’ordre, ils se soucient beaucoup moins de l’amour inconditionnel prêché par le Christ. Qu’un pape s’aventure à être fidèle à l’Evangile, et voilà ceux que Victor Hugo appelait déjà «les athées de la nuance catholique» prêts à rompre avec le Vatican en attendant qu’un pape réactionnaire vienne à nouveau occuper le trône de Pierre.
La bienveillance un peu gênée est venue de ceux qui ont approuvé la teneur morale des propos de François tout en la minimisant au nom de la politique du réel. Concernant les réfugiés, on s’est habitué au slogan «Humanité, mais fermeté» où le «mais» efface ce qui le précède. Dans ce dispositif, le p