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Chronique «Médiatiques»

La preuve par les mains rouges, par Daniel Schneidermann

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Après la découverte de mains rouges peintes sur le mur des Justes à Paris le 14 mai, les interprétations sur les radios et télévisions se sont multipliées pour dénoncer un acte antisémite. Un seul dans le lot s’en est bien sorti… avec mesure et prudence.
Devant le mur des Justes à Paris, vandalisé pendant la nuit du 13 au 14 mai 2024. (Antonin Utz/AFP)
publié le 26 mai 2024 à 15h13

Il existe, dans la confusion médiatique française de ce premier quart du XXIe siècle, un héros méconnu. Ce héros se nomme François Saltiel, et il a accompli un exploit inimaginable. Au matin du 14 mai 2024, alors que toutes les tranches matinales de radio et de télévision étaient saisies d’horreur en découvrant des mains rouges peintes au pochoir sur le mur des Justes, à Paris, y voyant unanimement une nouvelle agression antisémite, ledit François Saltiel, dans sa chronique quotidienne sur les nouvelles technologies de la matinale de France Culture, a… appelé à la prudence.

«Ces mains rouges ne sont pas un symbole clair, et suscitent confusion et multiples interprétations, a-t-il rappelé. Avant de s’écharper, assumons de dire que nous ne savons pas qui sont les commanditaires, et quel est leur objectif final. Gardons la tête froide.» Et de rappeler également que Viginum [service rattaché au Premier ministre, et chargé de la protection contre les ingérences numériques étrangères, ndlr] explorait effectivement, dès ce moment, la piste d’une manœuvre étrangère. A l’aide de son téléphone, le chroniqueur avait passé un coup de fil à ce