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Libération
Chronique «Ecritures»

La tentation de l’île, par Jakuta Alikavazovic

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Que dit ce désir d’insularité et de territoires inexplorés à l’approche de l’été ? Au fond, le rêve d’un lieu est peut-être celui d’un temps, celui de l’enfance.
L'île fantôme de Thulé, sous le nom de «Tile», d'après la «Carta marina» d'Olaus Magnus (1539).
par Jakuta Alikavazovic, écrivaine
publié le 27 juin 2025 à 16h00

Où partir ? La tentation de l’île s’allume en été, affleure à la surface d’un imaginaire collectif profond de plusieurs siècles. Où partir ? Je rêve de Thulé – le nom donné par un explorateur grec, vers 330 avant J.C., à une île qu’il présente comme la dernière de l’archipel britannique, et qui en viendra à désigner les Shetland, le Groenland, l’Islande, ou encore une île que l’on situe entre cette dernière et les îles Féroé… mais dont la localisation la plus juste serait «entre réel et fiction», car son existence n’a jamais été avérée. Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, considèrent Thulé comme une île fantôme, terme qui désigne une formation «dont l’existence, admise et mentionnée sur des cartes pendant un certain temps (parfois des siècles), est ensuite retirée de celles-ci parce qu’il est prouvé qu’elle n’existe pas» (1).

J’entre dans une librairie à la recherche d’un guide de voyage, j’en ressors avec un Atlas des îles abandonnées, riche source d’inspiration tant pour cette chronique que pour mes congés. Où partir ? L’île Cocos est faite de sa légende autant que d’andésite, la roche volcanique qui la constitue. Ce petit bou