Les archives sont politiques. De leur collecte, conservation et mise à disposition dépendent la possibilité de nos mémoires et le libre examen de notre histoire. C’est avec elles que nous luttons contre l’oubli et les silences imposés du passé, et c’est ce qui explique l’importance démocratique qu’il y a à en garantir l’accès. Longtemps envisagées comme les seuls actes officiels et authentifiés par une autorité juridiquement légitime, les archives aujourd’hui «se dilatent à l’infini», accueillant «toutes formes d’inscriptions matérielles de l’information» pour l’historien et archiviste Yann Potin (1). Leur définition est devenue bien plus labile : elle peut ainsi recouvrir les papiers personnels produits à l’échelle d’une vie et gardés pour soi, la documentation générée et stockée par des organisations afin de garder trace de leur activité et pouvoir rendre des comptes et enfin tous les matériaux conservés au titre de l’«intérêt public», en fonction de leur utilité administrative ou de leur intérêt historique, dans des lieux qualifiés également d’«archives» à l’instar des Archives nationales. Cette simple énumération permet de souligner à quel point les archives ne sont pas les traces immédiates et transparentes du passé, elles ne sont pas un recueil, mais une pratique, un processus protéiforme de production, de sélection et de préservation qui documente autant qu’il institue le passé.
De cette «volonté de conservation» découle un choix entre «“l’intér