La Françafrique date de la décolonisation gaulliste. Des collaborateurs du Général avaient mis en place un système de défense des intérêts particuliers de nombreux chefs d’Etat africains, dont beaucoup n’étaient pas des parangons de la démocratie. Ce qui pouvait encore passer à l’époque n’avait plus sa place dans une relation d’égal à égal.
Le système mis en place permettait de doper l’influence française, de piloter l’évolution de toutes ces indépendances si précieuses lors des votes aux Nations unies et de doter la France d’une «profondeur stratégique» selon la formule maladroite utilisée récemment par Sébastien Lecornu, l’actuel ministre des Armées. La France, à force de «gendarmer» ses anciennes colonies africaines et de faire la police entre les Etats du continent africain, affichait ainsi un profil de grande puissance.
Les Bongo, par exemple, règnent sur le Gabon depuis 1967, un Etat qui héberge une partie de la mafia corse et où le pétrolier français Total exploite de précieux gisements depuis le début du XXe siècle (le groupe est aussi présent dans 40 autres pays africains) ; quant aux frasques nombreuses de la famille Bongo, elles ont toujours été tolérées par les gouvernements français alors que des présidents démocratiquement élus étaient rappelés à l’ordre au nom de la lutte contre la corruption : le système des deux poids deux mesures a eu des effets catastrophiques en Afrique. La France intervient en faveur des exécutifs élus démocratiquement mais traite s