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Le 3 mars 1794 (le 13 ventôse de l’an II selon le calendrier révolutionnaire), au cœur de la Terreur et quatre mois avant de périr sur l’échafaud après le coup d’Etat des thermidoriens, le révolutionnaire Louis-Antoine-Léon de Saint-Just (1767 – 1794), du haut de ses vingt-six ans, propose à la Convention que l’exemple français entraîne l’extension du bonheur au-delà des frontières.
«On trompe les peuples de l’Europe sur ce qui se passe chez nous. On travestit vos discussions. On ne travestit point les lois fortes ; elles pénètrent tout à coup les pays étrangers comme l’éclair inextinguible. Que l’Europe apprenne que vous ne voulez plus un malheureux, ni un oppresseur sur le territoire français ; que cet exemple fructifie sur la terre ; qu’il y propage l’amour des vertus et le bonheur ! Le bonheur est une idée neuve en Europe.»
Le bonheur est un héritage des lumières. Avant que Saint-Just fasse «du bonheur le but de la politique», les révolutionnaires américains étaient déjà passés par là. Dans la déclaration d’indépendance américaine de 1776, «la recherche du bonheur» est mise sur le même plan que la liberté. Saint-Just a travaillé le sujet puisqu’il fut l’un des rédacteurs de la Constitution de 1793 avec Hérault de Séchelles, au sein du Comité de salut public. Ce texte demeur